Invité pendant deux semaines à Rio de Janeiro, au Brésil pour une résidence, j’ai choisi de m’intéresser à la vie quotidienne dans les « favelas ». Celle nommée la « Cité de Dieu », ce lieu que je connaissais juste de nom, est devenu une réalité et une vraie découverte.
En 2006, j’ai eu la chance de voir le film du même nom de Fernando Meirelles qui y racontait la vie de la fin des années 1960 au milieu des années 1980. Ces bidonvilles dangereux mondialement connus pour leur violence et l’occupation illégale des espaces urbains, ont été identifiés au banditisme, au vice et à l’avilissement.
J’ai décidé de me rendre dans les favelas, les logements construits sur des collines supposées dangereuses, pour y rencontrer les habitants et apercevoir un bout de leurs vies avec les fils électriques qui traversent les rues et dont tout le monde peut se servir anarchiquement à coût réduit.
Cela peut paraître superficiel, mais ces fils sont pour moi un passeport pour rentrer dans des lieux inhabituels, une carte légère pour parler de choses importantes. J’apprends de ces cités : les chefs de gangs, surnommés « Vermelho » (commandant rouge), « A.D.A » (amis des amis), ou encore « TCP » (troisième commande). Ici, il est déconseillé de marcher avec un appareil photo ou un bijou… et de surcroît lorsqu’on est étranger.
Mais Rio est aussi une ville ouverte au monde. On peut se rendre au nord comme au sud grâce aux deux lignes de métro bien organisées et sans discrimination de couleur. Africain, européen… Tous se côtoient et se retrouvent ensuite sur la plage. Dans le centre des affaires, rue Uruguaina, Caroica, Lapa… un véritable carrefour où tout le monde vient vendre sa marchandise, en gros ou à l’unité, et qui s’impose comme un vrai marché pour tous les business.
Trois jeunes danseurs d’une favela, Do Alemào que j’ai rencontré, racontent : Wagner « C’est ici que j’ai grandi, depuis des années, je danse pour exprimer les réalités de mon quotidien. Ma chorégraphie est le reflet de l’image qu’on donne aux favelas, mais grâce à la danse contemporaine, comme la capoeira et le hip hop, je peux me permettre de prendre une position différente ».
A quelques mètres de là, une brigade de flics bien armés et placés dans chaque ruelle… Pour Raphaël « Ces flics, ils sont juste là pour la préparation de la coupe du monde de 2014 que le Brésil organise. Vous voyez, le projet de logements des cités et des bidonvilles a été stoppé pour privilégier l’évènement. Tous ces effort seront nuls, au moins ça calmera les trafics avant de reprendre du terrain après le mondial ». Pour Jonas « La présence de flics dans les favelas pourra donner un nouveau mode de vie à la population qui devra s’adapter et cela permettra peut être d’alléger les violences ».
A 23h, je profite des démonstrations de Samba, la danse traditionnelle brésilienne qui se joue la plupart du temps tard dans la nuit. La pluie et la peur de rater le dernier métro m’empêche de rester car je ne veux pas dormir dans le coin.
« Les taxis s’arrêtent de moins en moins, pourtant ils n’en manquent pas », dit Raphaël qui connait le mieux sa cité, « Votre couleur n’inspire pas le taximan, et vu l’endroit où l’on est il est probable qu’ils aient peur, et jouent la prudence. Dans la favela, les jeunes préfèrent de toute façon le transport en commun que de prendre un taxi qui te coûtera plus de 40 reals ». 20 minutes ont passé, le temps m’oblige à décider de prendre le train pour le sud, en direction du quartier résidentiel de Copacabana.
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