C’est aux portes de Khartoum à Soba Hilla, que l’ONG Italienne « Emergency » a choisi d’installer un grand hôpital. Créé en 1994 en Italie, cette organisation de médecins, engagée à secourir des pays en crise, soigne gratuitement les victimes de guerre, des accidents et d’autres maladies. Au Soudan, ils accueillent toutes les personnes qui ont des problèmes cardiaques et d’autres maladies. Un centre pédiatrique est implanté à Mayo, un bidonville situé dans la périphérie de Khartoum , un autre à Port soudan, en pleine zone presque perdue pour ne pas épargner les oubliés des cités pauvres.
Ici, la température augmente à plus de 45°, un calvaire pour les non habitués, obligés d’avoir un flacon d’eau, au moins pour se mouiller la gorge. Les salles sont équipées des climatiseurs, des pharmacies avec des médicaments de première nécessité. De près, on observe une file d’attente qui oblige les malades à être patients pour leurs examens médicaux, et ceci à tour de rôle et muni d’un ticket doté par ordre d’arrivée. L’accueil des personnels est flatteur et n’empêche pas les patients de dire « merci Allah! qu’Emergency soit toujours là pour la santé! ».
En Afrique, Emergency est également présente en Centrafrique, et en Sierra Leone. Au Soudan, c’est en 2007 qu’ils ont inauguré le plus grand projet : The Salam Centre for Cardiac Surgery, grâce à l’oeuvre du docteur Djeni qui a mis en place ce projet, toutes les maladies du coeur détectées à Khartoum, peuvent trouver des solutions à Salam.
« On opère sans problème, surtout lorsqu’il faut sauver des vies, même si le métier présente beaucoup de risques, les opérations demandent beaucoup de prudence, le service des professionnels du métier admis dans ces centres ne déçoivent pas », dit Ibrahim. Un autre médecin, sorti de l’école nationale de santé raconte avec un ton anglais mélangé d’arabe que je comprends à peine grâce à la gestuelle, remarque : « depuis que l’hôpital existe il y a plus de 10 ans, on reçoit des cas qui sont évacués ici, grâce à la logistique que l’hôpital possède avec ces machines haut de gammes, qu’on attendait de l’Etat… mais dans les média à longueur de journée on nous parle de politique, plutôt de ce qui est plus important pour la population ».
Je décide de sillonner les salles, je marche, à chaque rencontre des patients dans les couloirs, dans leurs lits, la tristesse me suit, le silence gagne les salles. Devant moi, je vois la souffrance, j’hésite, je n’ose surtout pas demander aux malades de quel mal ils souffrent, par manque de courage qui prévaut leurs douleurs. Je sais je ne suis pas la solution seul mon appareil reste témoin, pas question de photographier le sang qui fait plus peur. Je lis dans les yeux des parents des malades, la même tristesse que je ressens, je comprends, ils n’aimeraient pas rester là où ils sont, le choix de trouver la guérison oblige d’être là.
A Port Soudan, dans le quartier de Salalab Alwhoa 80% des patients qui viennent à l’hôpital proviennent des alentours, à leur arrivée ils occupent le premier rang, par rapport à ceux qui viennent d’ailleurs et ont marché des km pour des soins gratuits. Beaucoup de maladie reflète la forte présence de la malnutrition enregistrée chez la plupart des patients à Mayo. D’autres maladies sont fréquentes, telle que la tuberculose….. personne ne rentre chez soi sans être examiné et sans passer par pharmacie prendre gratuitement les médicament à tour de rôle.
Un monsieur très souffrant, dépourvu de moyens observe son fils sous perfusion qu’il ne veut pas voir dans cet état, et souille son visage de ses larmes. Son fils vient de bouger, rassuré le père dit : « voilà, que ferait l’État dans ce moment difficile? lorsque la population n’en peut plus ». Les jeunes viennent pour donner leur contribution du sang qui est examiné quelques minutes après, la plupart sont des étudiants, se félicite Emergency, une solidarité qui encourage les médecins étrangers et locaux dont nombreux ont trouvé des emplois grâce a ce grand projet humanitaire.
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