Ici on ne jette rien, malgré le bout de poison qu’on retrouve trainer au bord de l’océan atlantique. Il est 18h, à peine arrivé dans le village des pêcheurs sur la plage de Songolo, à pointe noire. L’air est lourd, l’atmosphère n’est pas habituelle. Le bruit des vagues rythmés aux cris d’oiseaux qui planent à la surface n’empêchent pas les chiens hérons de manger les poisons perdus. Les rares commerçants qui attendent l’arriver des pirogues sont déçu de l’annonce : à cause de l’abondance de poison d’eau douce dans le marché, les pêcheurs sont interdit d’aller en mer, en raison de l’affluence du stock non épuisé.
Pour les jeunes écoliers en vacance, c’est l’occasion de profiter de la saison pendant laquelle les prix des caisses de poison sont abordables. Les commerçants ; au vu de la quantité du produit, cherchent une main d’œuvre auprès des jeunes débrouillards. A quelques mètres, une fumée sort d’un campement, l’odeur qui l’accompagne montre sans doute une activité intense doit se produire ici.
Tout de suite, on observe les jeunes au rythme de travail, torse nu, alignant les bouts de bois dans les fourres, avant de placer les poisons à étouffer et fumer. Pour les grossistes, vendeurs, pas de temps à perdre, il faut passé la commande ou attendre quelques heures que la marchandise soit prête. Les jeunes à tour de rôle dans la chaleur étouffante renforcent le bois dans une ambiance festive. Ils sont conscients de gagner un peu d’argent, pour certains qui dansent de joie, cela pourra leur permettre d’acheter quelques fournitures scolaires à la rentrée prochaine. En effet, les temps deviennent difficiles pour les parents à cause de la baise du prix de baril du pétrole dans la ville productrice. Au moins la mer ne se videra pas de ses poisons.