Il est 16h00. Dans la carrière des cataractes du Djoué, l’un des affluents qui alimente le fleuve Congo, située au sud de la banlieue de Brazzaville, les rayons du soleil rasent la scène. Bruits de camions, de casseurs de rochers se succèdent. Devant une famille, cris ses causeurs qui appellent à l’achat de tas de pierres prêts à être chargés. Coups de klaxon, marteaux, pioches font un rythme. En bruit de fond, le brouhaha général des vagues d’eau. Même les rares enfants qui s’amusent dans le lieu sont présents.
Quant aux clients, c’est avec un air de touriste qu’ils se pressent vers la carrière. Et pour cause. Ici on vient faire l’achat de pierres et même acheter du sable.
Impossible d’arborer une mine épuisée, car la simple évocation des saisons des pluies qui vont bientôt arrêter les activités fait prendre conscience qu’il faudra bien attendre la prochaine saison sèche. Alain Mafouta, 48 ans, propriétaire foncier du lieu qu’il a hérité de son arrière grand père, porte le nom du quartier, Mafouta. Il perçoit 2000 Fcfa des casseurs selon les cuves, dont les prix varient entre 35.000 et 50.000 FCFA pendant la bonne saison et il s’inquiète aussi des pluies qui vont ralentir l’exploitation du site.
Hommes, femmes, enfants vêtus d’habits quotidiens, accessoires qui leurs permettent de fendre les rochers, vaquent à leur tâche. Chacun dans son coin choisit un ou deux rochers pour la journée, « ici c’est mon bureau » dit Olga, 8ans, déjà habituée du lieu. Ici, seule la force de volonté permet de trouver son gagne pain. Un peu plus loin Evelyne, malgré sa grossesse n’a pas d’autre choix que de passer ses journées à regrouper des pierres cassées, ce qui lui permettra de préparer la layette pour son bébé à venir. « Même dans les pires des cas, on ne peut rien » dit elle.
Quant à monsieur Malonga, 44 ans titulaire d’une maîtrise en sociologie, «se regrouper en famille nous permet de gagner plus, seul les dimanches, jours des prières pendant lesquels nous prenons du repos, ainsi pour rendre grâce à Dieu qui nous donne plus de force… cette activité ne serait pas sans mon oncle qui m’a conseillé, aujourd’hui je crèverais de faim avec tous mes diplômes qui n’ont été pour moi qu’une simple formation, lire et écrire…c’est en cassant des pierres avec ma grande famille que nous survivons à nos besoin ».
Malgré le courage des casseurs, le soir au coucher du soleil un groupe d’hommes, souvent en uniforme de l’armée, sillonne le site pour prélever le droit de l’impôt, qui s’élève entre 200 et 500 francs cfa, disent les casseurs. Pour monsieur Mafouta, ce sont juste des « divertisseurs ».
Chris, un jeune garçon en teeshirt reçu pendant la campagne présidentielle en 2009, arborant l’effigie de Denis Sassou N’guesso, candidat à sa propre succession à la magistrature suprême, constate : « ah c’est le début du Chemin de l’avenir ! », slogan du projet de société sur la base duquel le président de la république venait d’être élu.
Laisser un commentaire