Sous d’autres cieux, il y a des dragues* qui fouillent le fond des rivières pour en extraire sable et graviers. Ici, ce sont les hommes qui vont chercher les matériaux au fond de la rivière avec des seaux. Un travail pénible, mais qui fait vivre des familles.
La Sangha est un affluent du fleuve Congo qui arrose un département de la République du Congo qui porte le même nom et coule aux abordes de la ville de Ouesso, chef lieu du département. Très riche en poison, cet immense cour d’eau est utilisé pour acheminer les grumes de bois issus de l’exploitation de la forêt tropicale vers la Capitale du Congo: Brazzaville.
La Sangha est également utilisée pour une activité assez singulière: l’extraction à la main du sable du fond de son lit. De jeunes hommes à l’aide de pirogues à moteur, gagnent le milieu du cours d’eau, puis, pendant que des pêcheurs maintiennent l’embarcation, d’autres plongent en apnée vers le fond avec des seaux qu’ils remplissent de sable, ils ressortent ensuite de l’eau pour déverser le contenu de leur « pêche » dans les pirogues. Une fois remplie, la pirogue se dirige vers le rivage où est entassé le précieux matériau. Une méthode de drague manuelle et fastidieuse.
Les extracteurs travaillent en deux groupes de dix personnes. Pendant que les uns puisent le sable, les autres déchargent.
Ils travaillent en alternance et effectuent ensemble vingt rotations, ponctuées de chants afin de se donner de l’entrain et lutter contre la fatigue. D’ailleurs, afin de ne pas être alourdi, ils travaillent uniquement vêtus de sous-vêtement.
Le travail est pénible, mais il aide à faire vivre des familles. Des écoliers se font aussi embaucher afin de disposer d’un pécule pour préparer leur rentrée scolaire. En fait, tous les sans-emplois peuvent trouver là, un travail après avoir suivi au préalable une formation. « Ils doivent en premier lieu savoir nager, afin d’éviter les noyades en cas de chavirage. De plus, ils doivent apprendre les techniques de pêche de sable », explique Merlin Atchaka, une trentaine d’années, qui organise cette activité depuis douze ans sous couvert d’une petite entreprise baptisée Bosco Service.
Pour certains habitants de la région, la récolte de sable constitue l’unique gagne-pain. « Quand j’ai perdu mon travail, j’étais désemparé, je ne savais pas quoi faire. Heureusement, j’ai été embauché ici. J’arrive à subvenir aux besoins de ma famille », affirme un ouvrier. Les extracteurs gagnent 45 000 francs CFA la journée et les piroguiers 50 000 francs CFA. Le salaire mensuel peut être évalué à 135 000 franc CFA pour les premiers et 150 000 pour les seconds. Ils reçoivent une indemnité alimentaire journalière de 600 francs CFA.
Pendant la saison des pluies, la récolte du sable devient difficile car le niveau de l’eau et le courant augmentent. «Nous sommes obligés d’aller plus loin et d’utiliser des échelles afin de descendre jusqu’à 6 mètres au fond du fleuve » se plaint Merlin Atchaka. A ces difficultés aquatiques s’ajoutent la cherté du carburant et les pannes de moteur. « Parfois, lorsqu’elles sont trop chargées, les pinasses font naufrage. Quand elles sombrent ainsi, nous nous attelons à les décharger au fond de l’eau pour les remonter à la surface. C’est pénible. Mais c’est notre outil de travail et nous devons le récupérer » confit le pilote de l’une de ces pirogues.
Le sable récolté est vendu 25 000 francs CFA le mètre cube. Les clients sont des entreprises du bâtiment et des particuliers. « ce sable est meilleur; celui qui est récolté ailleurs ne convient pas à la construction » assure, un habitant de Ouesso.
*Une drague est un navire de services utilisé près des ports, dans les rivières ou en mer, soit pour lutter contre l’ensablement et l’envasement et maintenir la profondeur disponible pour les autres navires en extrayant les matériaux du fond, soit pour extraire des matériaux (sable, gravier…) pour les activités de travaux publics, la reconstitution de plage, le confortement des dunes. source: wikipédia.
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